X Manufacture de Tapis de Bourgogne

Collection « Aventure de lignes »
Technique et matériaux : Technique mixte de tissage et de tuft
Fils de laine issus du stock de la Manufacture de Tapis de Bourgogne
2024
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Pouvez-vous nous raconter l'histoire de votre collaboration avec la Manufacture de Tapis de Bourgogne ?

En 2021, une initiation au tissage m’a amenée à produire des échantillons textiles en utilisant des fils de récupération. Partant du constat que les entreprises disposent de réserves de bobines de fils entamées dont les références ont disparu et dont la quantité est insuffisante en l’état, j’ai développé des échantillons en travaillant sur le mélange des couleurs. J'ai ensuite contacté la Manufacture de Tapis de Bourgogne pour développer la collection de tapis « Paysage » à partir de leur stock de fils de laine. Cette année, nous poursuivons notre collaboration avec un nouveau projet initié lors d'une résidence au sein de la manufacture.

Quelles ont été vos inspirations pour cette collection « Aventures de Lignes » ?

La collection « Aventure de lignes » met en avant une innovation technique issue de la résidence que j’ai effectuée au sein de la Manufacture.

La Manufacture de Tapis de Bourgogne se distingue par son double savoir-faire en tissage et en tuft. Équipée de métiers à tisser de grandes dimensions et de châssis de tufting imposants, elle permet d’imaginer des projets d’envergure. Si je me suis d’abord intéressée au tissage pour ses qualités esthétiques et sa rigueur constructive, c'est la liberté qu'offre le pistolet à tuft qui m'a ensuite inspirée l'idée de combiner ces deux techniques.

Le hasard m’a amenée à formuler cette hypothèse, née d'une combinaison de problématiques, notamment l'envie d'écrire un texte sur un tissage et un questionnement sur la traçabilité de la laine française. Travailler actuellement avec des matières locales et écologiques revient à utiliser de la laine de mouton naturelle, non teintée. Face à cette contrainte, j’ai émis une supposition : pourquoi ne pas tisser une toile en laine naturelle, puis y ajouter de la couleur avec des fils recyclés ? De cette hypothèse est née l'idée de projeter des fils avec des pistolets de tufting sur la toile tissée, fusionnant ainsi les deux techniques de la manufacture. Le tissage prendrait la forme d’une toile sur laquelle, comme une peintre, on viendrait dessiner.

Cette première collection présente cette innovation de manière démonstrative à travers plusieurs pièces et se déploie en une « Aventure de lignes » : un tapis tufté en finition « velours », une tapisserie qui révèle l’envers du tracé du pistolet à tufting, et des coussins garnis de chutes de fils provenant de la manufacture, explorant ainsi l'application du tissage tufté dans le domaine du mobilier.

Que pouvez-vous nous dire sur le choix des matériaux ?

Depuis ma première collaboration avec la Manufacture de Tapis de Bourgogne, j'ai choisi d'utiliser exclusivement de la laine pour ses propriétés isolantes. Dans son livre Le style anthropocène, Philippe Rahm souligne le rôle essentiel d'objets du quotidien comme le tapis de laine, dont les fibres offrent un pouvoir thermique équivalent à celui des isolants modernes.

J’ai par ailleurs fait le choix d’utiliser des fils provenant du stock de la manufacture, que je mélange selon les projets afin de créer des nuances de tonalité. Chaque tapis est fabriqué sur commande en fonction des cônes de fils disponibles. Il faut donc accepter que chaque pièce présente sa propre nuance.

Comment décririez-vous votre collaboration avec la Manufacture de Tapis de Bourgogne ?

La collaboration avec la Manufacture de Tapis de Bourgogne est avant tout une histoire de rencontre : une rencontre avec un savoir-faire et avec une entreprise située en Bourgogne, une région que je connais intimement pour y avoir vécu quelques années. Mes séjours successifs à la manufacture m’ont permis de tisser des liens avec sa directrice, Odile Dhavernas, ainsi qu’avec toutes les personnes avec qui j’ai eu la chance de collaborer et de partager des moments privilégiés. Je conçois la création comme une aventure, et si cette nouvelle collection s’appelle « Aventure de lignes », clin d’œil à Henri Michaux, c’est aussi une manière de rappeler que des histoires communes se dessinent autour de la création.